Il semblerait que le voyage aoutien n’ait pas totalement comblé (et esquinté) l’anglaise qui en aura redemandé encore, des pistes et petites routes tournicoteuses. J’ai eu beau lui expliqur que dans la vie j’ai un métier le reste de l’année, et que c’est grâce à ce dernier que ses trois infatigables pistons peuvent aller s’agiter l’été. Face à la fronde, j’ai du céder, et c’est alors que je profitais d’une conférence scientifique en Espagne (mon métier donc) en cette fin octobre pour offrir à la brexiteuse l’occasion d’un rab de caillasses et payages, arguant que l’avion ça pollue toussa toussa. Un voyage de 1800km à travers le Nord et Centre Est de l’Espagne, réalisé en 2 fois 2 jours, avec au milieu 3 jours de conférence dans la magnifique ville de Cuenca, dans la Castille-La-Manche, et son Université. Le parcours est screené ci-dessous, et je vous en dis plus en dessous encore, en images et ressentis, pour l’aller, le retour. On termine avec quelques photos de Cuenca durant la conférence, et les incontournables souvenirs culinaires et houblonnesques.

L’aller: 2 jours, Rabastens – Cuenca, 895km
La descente vers Cuenca se fera en deux jours, avec une nuit d’hôtel au centre de Saragosse. Premier jours, temps maussade tout au long du parcours. On rejoint Vielha et son tunnel pour atteindre l’Espagne, avec de très belles couleurs d’automne une fois sorti du tunnel, et jusqu’à la fin de la descente du col de Bonansa. On longe la rivière Isabena jusqu’à Graus, parsemée de jolis vieux ponts romans. Puis c’est la rivière Esera qu’on longe jusqu’à ce que la route plonge dans un beau canyon qui se termine dans la vallée de Basbastro. On rejoint ensuite le désert des Monegros, que l’on serpente par des pistes avec quelques pauses photo au pieds des « Tozales ». Une fois passé Castejon de Monegros, très, très, mais vraiment très gros orage. Rien pour s’abriter. La petite route sur laquelle je roule commence à être inondée à plusieurs endroits, avec un courant latéral. Pas d’autres choix que de s’arrêter sur un monticule, et attendre que ça passe … pendant une heure trente. Du coup, la cinquantaine de kilomètres qui restait à parcourir dans les pistes du sud du désert, à travers ces belles collines/dunes de couleurs grisâtres qui se terminent au bord de l’Ebre, sera remplacée par une route, jusqu’à Saragosse. J’arrive à l’hôtel les os spongieux (hôtel Sauce, près cathédrale, pas cher, je recommande). Tout mon matériel est préservé, sauf mon PC (qui ne voudra redémarrer que 36h plus tard) et ma cigarette électronique, décédée. Soirée à déambuler dans Saragosse, son marché, ouvert tard, sa cathédrale, et le quartier du « Tubo » avec ses rues hyper étroites où j’entrerais dans 4 ou 5 bars, juste pour un pincho et un petit verre de vin (6cl), histoire de tester chaque ambiance.
Réveil et descente dans l’excellente patisserie de l’hôtel. Puis une heure sèche cheveux en main pour sécher encore quelques affaires. Et nous voilà prêt à repartir. Soleil, averses, gros vent, froid, mais n’est ce pas un trop automnal ? Plusieurs curiosités au programme jusqu’à Cuenca. On commence au sud des Monegros, à l’ouest de Belchite, par le Foz de Zafrané, étonnant canyon dont on accède au fond par une piste, pour parvenir à une impressionnante cavité. On poursuit vers le sud, jusqu’à Daroca, d’où démarre le col qui mène à un impressionnant plateau, à la frontière Aragon/Mancha. Sur ce plateau, ne pas manquer la lagune de Gallocante, une lagune salée, d’environ 10km de long pour 1 ou 2 de large, à plus de 1000m d’altitude. Je m’en approche au mieux par quelques pistes, pour y admirer quelques espèces d’oiseaux et autres échassiers. On continue jusqu’à Molina de Aragon, avant d’entrer dans le parc naturel du Alto Tajo, pour une centaine de kilomètres d’étroites routes et pistes jusqu’à Cuenca. Seulement 100 kilomètres, mais compter au moins 4 heures, tant il y a de motifs à arrêts et contemplations. Parmi les intérêts de ce parc, outre de croiser plus de cervidés et rapaces que d’humains, on notera la piste forestière longeant le Taje, qui débute à la sortie de Taravilla, et se termine au pont de Martinete. On longe la rivière au plus près de sa source avant qu’elle ne meure à Lisbonne après avoir grossi tout au long de son parcours ibérique, au fond d’un magnifique canyon à cette saison verdoyant et jaunissant. Autre arrêt incontournable: les cascades du Rio Cuervo. Puis plus au sud encore, los callejones de las Majadas, étonnant ensemble de formes géologiques. Arrivée à Cuenca, bien épuisé, moins spongieux que la veille, mais pas vraiment sec non plus. Il est temps de passer à la science, non sans tester croquetas et agneau locaux.


























Le retour: 2 jours, Cuenca – Rabastens, 900km
Samedi matin, conférence terminée, c’est le week-end. Je m’offre deux jours de voyage pour rentrer. Matéo annoncée très fraiche, mais ensoleillée. on entame plein est en montant sur les falaises qui surplombe Cuenca. S’en suivent trente kilomètres de pistes en crête, jusqu’à parvenir à un héliport perdu au milieu de nulle part, avec deux hélicos du gouvernement espagnol postés là. Mystère pour moi, à creuser. Je poursuis par des pistes de terre rouge, plusieurs petits cols, avant d’arrivée près de Teruel au village très touristique, et il est vrai très beau, d’Albaraccin, flanqué entre deux falaises ocres. Une centaine de kilomètres de plateaux arides (plus de stations essence, rien à bouffer, j’ai la dalle), et nous voilà dans le Maestrazgo, superbe chaine de montagne à la densité de population qui ferait pâlir la Laponie. Plusieurs pistes, dans des canyons très étroits, assez inaccessibles en voiture. Une centaine de kilomètres ainsi jusqu’au barrage de Castellote, puis une nuit dans la petite ville de Alcorisa et le très typique petit hôtel de Casa de la Fuente, dont le tenancier sera de très bon conseil pour ce qui est de mon alimentation du soir.
Le lendemain, on rejoint les bords de l’Ebre depuis Alcaniz par une centaine de kilomètres de pistes, à travers petits canyons, vergers, puis on rejoint à nouveau le désert des Monegros, non sans un arrêt sur les bords de la très belle lagune de Saladas de Salsago, de 5 millions d’année. Une cinquantaine de kilomètres dans les pistes du désert, cette fois-ci moins boueuses qu’à l’aller, puis on rejoint à nouveau Vielha, cette fois-ci le long de la rivière Noguera. Retour en France. Retour à la vie normale.























Cuenca, ville, alentours, drinks and food




















