
Deux longs voyages pour 2023. Normal, caprice de la cinquantaine, deux motos, un voyage pour chacune, pas de jalouses. D’ailleurs elles m’en sont reconnaissantes, l’une m’ayant blessé (plaie profonde sur le haut du mollet) lors du voyage « TET North Spain », l’autre se devait de faire de même lors de ce voyage vers l’est (entorse cheville malgré la rigidité de la botte).
Mon choix s’est donc porté sur un grand tour de la mer Adriatique jusqu’au nord de la Grèce, en mixant mes propres traces pour la France et l’Italie, essentiellement sur routes pour l’Italie, à l’exception de quelques pistes bien connues (Assietta, Finestre, Lombardo, Giogo del Balà) et autoroutes pour la France (à l’exception du Parpaillon), pour progresser assez vite et avoir assez de temps pour suivre une grande partie des traces du Trans European Trail pour la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro et l’Albanie, où j’aurais passé une majorité du temps dans la poussière, les caillasses, la terre, bref, là où généralement nature et paysages émerveillent votre progression. Au total, 7135km réalisés avec la Triumph pendant que la GasGas patientait dans le garage, des moyennes de 500km pour les journées routières, aux alentours de 250km pour les journées hors routes.
Il y a évidemment des lieux incontournables que je n’ai pu traversés près de la trace, mais j’ai déjà pu les parcourir auparavant, comme les cols mythiques de la chaine alpine, parcourus en 2015, la côte croate, parcourue en 2016, ou la côte albanaise, parcourue en 2018, de retour de Roumanie. Ce voyage là a privilégié l’interieur et les montagnes des balkans.
Pour les spécialistes, un des problèmes de ce type de voyage avec pas mal de hors routes, c’est la longévité du pneu arrière. Je n’ai toujours pas trouvé le bon compromis mais je m’en approche. Avoir un bon pneu 50/50 qui vous permette quelques excès de confiance sur la route, tout en tractant dans la terre et la caillasse, et ce sur un kilométrage élevé. Si le TKC 80 et le AX41 m’avaient donné satisfaction sur les deux premiers points, ils étaient « cramés » pour le off-road au bout de 3000km, vous obligeant à chercher à le remplacer dans des lieux où la disponibilité est faible. Pour ce voyage, j’ai essayé le nouveau Dunlop Raid. Il s’est usé beaucoup moins vite et m’a permis de faire la totalité du voyage. Il est excellent sur route, et il fait correctement le job sur les chemins. Il tracte moins bien que les deux premiers cités, et demande un peu plus de douceur sur la poignée en sortie de courbes, à moins d’aimer passer sa journée en travers (et au sol parfois). Donc une bonne accroche avec la moto droite, et beaucoup plus précaire moto penchée. Cela pouvait se deviner à la forme des pavés. Mais un meilleur compromis tout de même, car au bout de 7000km, il servira encore pour aller au boulot.
Le voyage a été effectué du 6 au 25 aout, sous le soleil, et des chaleurs excessives uniquement la troisième semaine en Albanie, Grèce et Italie. Deux après-midi d’orages m’ont obligé à sortir de la trace prévue au Monténégro. Il était trop dangereux seul avec un gros trail de s’y aventurer, j’ai donc modifié la trace par la route. Hébergement dans des hôtels/guesthouses modestes ou « glamping ». Jamais plus de 60 euros la nuit, et souvent moins de 35 dans les montagnes bosniaques, monténégrines et albanaises.
Ceux qui suivent mes aventures le savent. La moto c’est bien, mais les produits locaux c’est mieux. Donc dès 19h la priorité était donnée aux spécialités houblonnesques, vinicoles et alimentaires locales.
Le récit jour après jour. Certains préfèrent les longues vidéos YouTube que les photoreportages. Mais je voyage léger et non technologique, c’est à dire sans les 12 GoPro greffées à la moto et 4 drones. Puis je prends ma plume après.
Jour#1: Rabastens – Crevoux. 650km











Le périple débute par 400km lancinants d’autoroutes pour rejoindre Nyons dans la Drome, puis Barcelonnette, et enfin, débuter par le Sud le col du Parpaillon. La piste est relativement facile, même si quelques passages présentent des difficultés nécessitant de décrocher un instant son regard des magnifiques paysages pour se concentrer sur la trace. Arrivé au sommet, vers 2650m tout de même, se présente le tunnel du Parpaillon, percé par le Génie Militaire à la fin du XIXème siècle. 520 mètres dans l’obscurité totale, sous d’impressionnantes stalactites formées au fil du temps, et sur un lit d’eau et de cailloux au sol. A la sortie, on domine la vallée d’Embrun, et la descente, très facile par une large piste, nous amène à Crevoux, où le soleil se couche. Sustentons-nous local: Ravioles du Champsaur, qui, comme leur nom ne l’indique pas, sont des quenelles de tomme fraiche et pommes de terre. (« surtout pas trop de crème s’il vous plait »…. trop tard)
Jour#2: Crevoux – Laggo Maggiore. 385km










On rejoint Sestrières en Italie par Briançon au bout de 100km. Sestrières est la station alpine où débute la longue piste d’altitude et de crêtes qui, par le col de l’Assietta puis de Finestre, vous amène plus au nord dans la vallée de Susa. Environ 50km de pistes relativement faciles (Attention, fermée à la circulation motorisée 3 jours par semaine) d’où l’on peut contempler les sommets alpins d’un côté, et la plaine turinoise de l’autre. 20 km de route et on enchaine direct avec le Passo Lombardo, une piste d’environ 30km qui vous mène au-dessus de 2000m au « Santuario della Madonna degli Angeli ». La piste est cette fois un peu plus technique, même si elle reste à la portée d’un gros trail avec un minimum d’expérience, en particulier la descente assez raide parfois. Après cette matinée bien caillouteuse et en hauteur, on poursuit par 200km de petites routes sinueuses du Piemont jusqu’au Lac Maggiore, où cette fois-ci les ravioles en seront vraiment.
Jour#3: Laggo Maggiore – Lago di Garda. 340km











Journée des grands lac italiens. Connaissant déjà les interminables bouchons estivaux qui cerclent les lacs, je décide de prendre l’option ferrys pour contempler la beauté du Majeur et de Come. C’est rapide et on ne perd pas une miette des belles lumières. Je privilégie plutôt l’entre deux lacs pour explorer de petites routes sinueuses, notamment le Passo del Cuvignone, d’où l’on peut contempler les lacs, posé au beau milieu d’une végétation luxuriante. On poursuit vers l’est pour rejoindre 100km plus loin la belle piste d’altitude d’une vingtaine de kilomètres qui fait la jonction entre deux cols, le Passo Crocedomini et le Passo Del Maniva. La piste est facile, les vues sont splendides, surtout lorsque le soleil entame sa sortie. La journée se termine au bord du lac de Garde, le plus beau. On termine par les grands standards de la cuisine italienne.
Jour#4: Laggo di Garda – Verzegnis. 440km












Très tôt le matin, avant que le cul à cul des voitures ne congestionne les abords du Lac de Garde, j’entame la magnifique route qui le longe du côté ouest (plus impressionnante que celle côté est). On circule au pied de falaises au milieu de beaux villages et somptueuses bâtisses posées au bord des flots calmes du lac. Au milieu de la remontée du lac vers le nord, se trouve la « Strada della Forra », une petite route tortueuse qui monte à flanc de falaise et entre dans une gorge extrêmement étroite.
Une fois atteint le nord du lac, on poursuit toujours vers l’est, jusqu’à « Passo della Borcola », par une route étroite, magnifique et peu fréquentée ; puis on accède aux paysages verdoyants du plateau de Asiego, par une route aux interminables lacets qui mène à Rotzo. Une incursion dans le Tyrol par le Passo Duran afin d’observer les beaux sommets de ce massif ; puis le « Passo della Mauria », afin de se rapprocher de la frontière slovène, à Verzegnis. Pas de chance, un excellent brasseur local propose une IPA qui se marie parfaitement aux talents culinaires de la tenancière de l’Albergo Al Quadrifoglio
Jour#5: Verzegnis – Dom na Slivnici. 320km














J’atteins le matin la frontière slovène par le « Passo di Sella Carnizza », que je ne sais qualifier de route ou de piste, mais dont les pentes et la beauté de la végétation marquent la traversée. L’étroitesse aussi, puisque j’ai du tutoyer le ravin pour doubler…. une autre moto. Me voilà désormais dans les paysages slovènes où je quitterai le bitume pour toute la journée, pour naviguer au travers de pistes forestières de moyennes montagnes à la végétation denses, aux rivières à l’eau couleur turquoise et aux étangs hébergeant une faune riche d’échassiers (et ces p…. de moustiques). Une myriade de curiosités géologiques, tels d’énormes rochers en équilibre précaire ou des rivières souterraines qui surgissent en contrebas de la piste. Et des barrages appelés « brusoves » construits au 18ième siècle et classés par l’Unesco. Une chance qu’aucune route bitumée ne permette de les rejoindre. Je parviens en fin de journée alors que le soleil se couche au sommet de mont Slivnica, duquel une vue à 360 degré se dégage sur les paysages slovènes. Je passerai la nuit dans le refuge, où visiblement le tenancier craint que je sois sous alimenté et sous hydraté.
Jour#6: Dom na Slivnici – Stevi Juraj. 280km















On continue cette immersion dans les forêts slovènes toute la matinée sur des pistes aux profils variés mais qui vous donnent toujours l’impression d’être un super pilote. C’est bien les impressions: une petite glisse par ci, un petit jump par là. Je ferais mieux de me calmer, et de calmer l’excès de protéines absorbées la veille, car j’ai la réputation de ne pas toujours rester sur mes roues et le voyage jusqu’en Grèce est long alors même que je n’aie toujours pas aperçu les rives de l’Adriatique. Je reprends donc l’esprit contemplatif jusqu’à Stari trg ob Kolpi (merci les copier/coller), où se dessine la rivière Kupa qui marque la frontière entre la Slovénie et la Croatie. On se restaure au bord de l’eau, puis on longe par une petite route cette rivière jusqu’au poste frontière de Brod na Kupi. Si le poste de frontière est à l’abandon depuis quelques mois avec l’entrée de la Croatie dans Schengen, en revanche, j’aurais longé des kilomètres de grilles barbelées pour rejoindre ce poste… triste monde.
Voilà enfin au sixième jour les rives de l’Adriatique, en contrebas, saisies du regard du haut de pistes caillouteuses pendant une centaine de kilomètres assez exigeants physiquement (mais je rappelle que j’ai arrêté de fumer et que je n’ai pas encore épuisé mon stock de protéines de la veille). J’ai à deux reprises par le passé pu longer cette côte par la route, mais rien ne vaut de le faire par les hauteurs , car on surplombe l’ensemble de l’archipel d’iles. Surtout, on est à l’écart du tourisme de masse et on oublie les dégâts que ce dernier cause sur le paysage côtier. Je descends en fin de journée sur l’un des rares villages côtiers encore préservés, Stevi Juraj, pour m’y baigner au coucher du soleil, m’y houblonner et me délecter d’un bar grillé.
Jour#7: Stevi Juraj – Obrovac. 330km























Encore quelques kilomètres de pistes tôt le matin sur les hauteurs de la côte adriatique croate, pour réparer la frustration de la veille. En effet, les vues sur les îles sont plus belles le matin, lorsque le soleil est encore à l’est et qu’il illumine la roche blanche des îles. La mer en contrebas à 800m d’altitude, il en devient difficile de se concentrer sur les pièges de la piste. Alors on est parti pour une petite centaine de kilomètres de routes dans les terres, le long desquelles se multiplient les cimetières, les églises détruites souvent, et neuves parfois. Les traces de la guerre de Yougoslavie se multiplient ainsi au fur et à mesure que l’on pénètre ce territoire. Je poursuivrais ainsi jusqu’aux vestiges de la base militaire aérienne de Zeljava, à la frontière avec la Bosnie. Un lieu perdu, fait de galeries creusées dans la montagne où étaient stockés et d’où décollaient la flotte croate. Ces galeries commencent à devenir une attraction touristique, et étonnamment j’y aurais croisé lors de mon immersion une dizaine de motards pour deux voitures. Certainement le fait des réseaux communautaires Instagram, car poster sa moto à l’entrée d’une galerie ou à côté d’un avion à l’abandon est très tendance… j’y aurais succombé également.
Je me redirige vers la côte par des pistes de plateaux parfois techniques parfois rapides, et un peu de route, pour rejoindre un des plus beaux spots off-road de la Croatie aux alentours de Sveti Rok. Une trentaine de kilomètres de pistes pour certaines très techniques, sur une crête à plus de 1000 mètres au dessus du bleu turquoise de l’Adriatique. Beaucoup de concentration et d’humilité pour les derniers kilomètres de descente vers Starigrad, on est parfois sur des pentes à plus de 20% dans des pierres roulantes. Les yeux vivent un véritable dilemme entre paysages et étude de la trajectoire. Wouafff, arrivé en bas trempé de sueur, ce sera direct dans l’adriatique rafraichir le pilote.
Il est encore trop tôt pour la recharge de houblons, et les paysages sont toujours plus beaux en fin de journées quand le soleil décline et les brumes de chaleur perdent de leur épaisseur. Alors je me dirige vers la gorge de la rivière de Zrmanja, avant que cette dernière ne se jette dans l’adriatique, puis plus en amont vers les cascades naturelles que cette rivière a façonné tout au long de son parcours. Du bleu turquoise vers le vert émeraude…. punaise, c’est beau, je dors là.
Jour#8: Obrovac – Mostar. 410km



















On repart plus au sud dans les terres pour rejoindre la Bosnie et le village de montagne de Kupres au bout de 200km. Le passage à la frontière quelques heures avant, au sommet d’un col dans un paysage aride et désertique, fait l’objet d’un accueil plutôt froid, mais j’ai rarement vu un douanier sympa en général. Dans Kupres, un seul restaurant, et pas de langue commune pour commander. Alors je fais un tirage aléatoire sur la liste et tombe sur une assiette qui devait s’appeler « Si après ça t’as faim je ne peux plus rien pour toi » (5 viandes différentes qui débordaient d’une assiette qui s’apparentait plutôt à un plat).
De quoi être sûr de ne pas tomber en hypoglycémie pour les 200km de pistes de montagnes qui m’attendent si je veux tenir mon objectif de parvenir jusqu’à Mostar avant le coucher du soleil, par la trace proposée par la communauté du Trans European Trail. Des pistes tour à tour faciles et assez rapides puis techniques et piégeuses. Au beau milieu de ces 200km où les cimetières fleuris en lisière de villages détruits auront dominé l’après midi, se trouve le lac Ramsko, certes artificiel, mais assurément l’un des plus beaux paysages de Bosnie, surtout si on parvient à le dominer du haut de la piste qui le surplombe 600m plus haut, seul à flan de falaise. Puis des pistes au bord desquelles apparaissent de superbes nécropoles moyenâgeuses composées de plusieurs « stecci », lourds tombeaux sculptés posés là sur le sol au beau milieu de nulle part.
On termine par une harassante piste descendante jusqu’à Mostar, où finalement le soleil sera couché à mon arrivée dans la vieille ville. Dance floor outdoor sous le pont de Mostar, IPA de brasserie locale, beignets bosniaques pour accompagner les poivrons à la farce d’agneau. Je suis lessivé, heureux, la journée fut dense en pilotage et paysages. A peine 23h j’ai déjà sombré.
Jour#9: Mostar – Sarajevo. 215km



























Une nouvelle journée en Bosnie, pointée lors de la préparation comme une des trois potentiellement plus belles et plus difficiles techniquement de l’ensemble du parcours. Toujours en suivant les traces du Trans European Trail, de Mostar à Sarajevo, quasi exclusivement hors route. Seulement 200km, mais j’anticipe que la journée ne sera peut-être pas suffisante. On quitte Mostar par le nord non sans avoir naviguer dans la vieille ville mais aussi ses quartiers plus modernes et dynamiques, pour rejoindre la ville de Konjic par des pistes en altitude où l’on aperçoit à nouveau une nécropole tout aussi impressionnante que celle de la veille. De cette ville, on longe un instant la rivière Neretva en débutant la longue ascension technique vers un magnifique « altiplano » qui se poursuivra jusqu’aux hauteurs de Sarajevo et sa piste de ski olympique (1984). La montée est épouvante, semée de passages techniques, mais surtout semée de vues impressionnantes, notamment sur les gorges de la rivière Rakitnice. On parvient au bout de cette ascension et un long roulage sur ce plateau au village de Lukomir, plus haut village de Bosnie (1500m). Une quinzaine de maisons qui surplombent les gorges, et où il me sera offert de manger un excellent ragout d’agneau dans un échoppe du village. Quelques touristes, car l’accès par l’est est plus facile que par l’ouest, mais très peu. Un vrai paradis.
Je poursuis sur ce plateau par une belle piste, jusqu’à trouver une piste qui mène au pic de Bjelašnica, à 2100 mètres, où se situent un observatoire en piteux état, et le bâtiment détruit qui marque le départ de la piste olympique de descente de 1984. Il est temps de plonger vers Sarajevo que l’on aperçoit au loin par différente pistes, et une traversée d’une station de ski qui semble revivre, non loin du célèbre hôtel Igman, hôtel luxueux construit pour les JO de 1984 et qui fut l’objet de violentes agressions durant la guerre des balkans. J’y entre, seul, traverse son lounge, ses halls, sa piscine, jusqu’à être pris d’une angoisse…. et si cela s’écroulait. Je repars donc vers Sarajevo, par la forêt et y parviens une vingtaine de kilomètres plus tard, finalement plus en avance que ce que j’espérais. J’en profite pour essayer de joindre par la ville la piste de bobsleigh, par des quartiers sud très escarpés, où s’accrochent de nombreuses maisons traditionnelles. Une ville dans la ville. Je ne parviendrais pas à ce site célèbre… car il est protégé et inaccessible en véhicule. Mais j’aurais découvert un quartier authentique, tortueux, et où un automobiliste des plats pays n’aurait pas osé poser ses roues.
Je termine la journée dans le quartier historique de Sarajevo où je passerais la nuit dans une modeste guesthouse très authentique. Longue déambulation dans la vieille ville avec ses beaux minarets. Longue déambulation aussi pour satisfaire mon envie de houblon local, car cela relève d’une chasse au trésor au cœur de Sarajevo. Je finirais la soirée dans un petit restaurant d’artistes locaux, et aurais le privilège de diner aux côtés d’un artiste franco-bosniaque, Strasni, photographe, dont j’apprendrais beaucoup de la ville.
Jour#10: Sarajevo – Rijeka Crnojevika. 340km

















Direction le sud pour rejoindre le Montenegro en fin de journée. 70km de routes de gorges et montagnes pour rejoindre la frontière avec le Montenegro, au bord de l’impressionnante et très connue rivière Tara. On attaque ensuite le massif du Durmitor, par une piste puis une petite route de montagne, un des plus beaux massifs montagneux du continent européen, par ses impressionnantes strates et découpages rocheux. La piste d’un coup s’ouvre sur les gorges de la rivière Piva, 800 mètres plus bas…. Vertiges garantis quand on approche la moto du précipice.
L’orage menace, et les premiers soucis techniques se manifestent. Je décide donc, avec regret, d’annuler la montée vers le lac de haute montagne, le Kapetanovo jezero, qui devait être un des points forts de ce voyage. A la place, je roule sous des trombes d’eau par la route jusqu’à la ville de Niksic, où je trouve un jeune homme qui a tout ce qu’il faut d’outils dans son coffre pour retendre ma chaine de transmission qui est en fin de vie, mais que je devrais ramener vivante jusqu’au retour.
La pluie s’est calmée, et je poursuis par les montagnes monténégrines mon avancée jusqu’à un lieu qui m’avait tant séduit une dizaine d’années plus tôt, la partie marécageuse et nénuphardée du Lac de Skadar, où je me poserai pour la nuit dans le village de Rijeka Crnojevića. Je me sustenterais de la pêche du lac (carpes)
Jour#11: Skadar Lake North – Skadar Lake South. 350km
















Une longue journée de 350 km de routes dans le le Sud du Montenegro, sous forme de boucle puisque je ne dormirais que 30km plus au sud que la vielle, en Albanie. On commence parc le parc national du Lovcen, pour aller surplomber à 1300m les bouches de Kotor, un profond fjord où entre l’adriatique. Nous ne descendons pas dans le fjord par la célèvre route « Serpentine », car on s’est fixé l’objectif d’éviter les hordes de touristes. En revanche, on s’empresse de longer la belle côte jusqu’à la frontière albanaise, à cet endroit infranchissable, où la route s’arrête dans un un lieu totalement improbable qui vous fait un instant quitter le continent européen pour le Laos, dans le village de Ada Bojana. Là, la rivière Kupa serpente dans la plaine et vient se jeter dans l’adriatique. Tout au long, de belles maisons sur pilotis, des filets de pêches suspendus, peu de touristes, et quelques restaurants de poissons où l’on se pose au-dessus de l’eau pour déguster la pêche locale.
Micro-sieste, et on repart dans les terres monténégrines pour aller explorer le lac de Skadar par sa rive Ouest. Une des plus belles routes du Montenegro, sur les hauteurs du lac, offrant des vues et des luminosités qui enchanteront les photographes. De petits villages de pêcheurs qui ont gardé leur authenticité parachèvent les abords de ce lac et en font un endroit incontournable des Balkans (selon moi. D’autres préfèreront les soirées mousse de la côte).
On bascule vers la rive est du lac pour passer la frontière vers l’Albanie. Dès le premier soir en Albanie, la réputation d’un pays producteur d’excellentes bières est confirmée. Je n’y croyais pourtant pas vraiment. Je n’en abuse pas, car je sais ce qui m’attend le lendemain.
Jour#12: Skadar Lake South – Shkoder. 180km
























« Theth Valley – Albania ». Ce lieu raisonne raisonne dans l’esprit de beaucoup d’aventuriers à moto hors route. Bon autant le dire tout de suite, par rapport à tout ce que j’ai lu, j’ai été finalement un peu déçu. Mais j’en attendais peut-être un peu trop, ou cela a été peut-être un peu trop survendu, en termes de beautés sauvages et de difficultés techniques. Attention, je ne dis pas que c’est moche et facile, c’est même plutôt très beau et assez difficile. Mais à vrai dire, suite aux lectures de récits et de vidéos, je m’étais mis en tête que j’essaierai mais ferai certainement demi-tour, car seul, plus de 50 ans, avec une moto lourde et une expérience relative, et désireux de me retrouver le soir en terrasse avec ma bière et mon poisson grillé en pleine possession de mes moyens physiques, et non tanké au milieu de nulle part en pleine nuit écrasé par une moto à attendre qu’un barjot comme moi si il en reste passe encore par là pour déclencher les secours. Au lieu de tout cela, une belle journée off-road plutôt tranquille avec une grosse partie de la journée éloigné des humains, dans des paysages sauvages de toute beauté.
Cela commence le matin par une montée vers le col qui amène au village de Theth dans la vallée suivante. Première déception: montée et descente ont été récemment asphaltées. Cela n’en reste pas moins impressionnant et on s’amuse plutôt bien sur cette petite route étroite. Il n’est que 10h30, mais je préfère me restaurer dans le village, anticipant que cela serait impossible le reste de la journée. Plus qu’un village, il s’agit plutôt d’un habitat dispersé fait de petites maisons dont les habitants proposent une nourriture de produits locaux aux égarés (en majorité des randonneurs qui gravissent le sentier qui relie Theth et Valbona plus à l’est de cette micro mais très haute chaine de montagne). La piste commence en sortie de village vers le sud, au fond d’une gorge et en surplomb d’une rivière agitée (la Lumi i Thethit, qui devient la Lumi i Shales par la suite). On franchit quelques passerelles en bois à la solidité précaire. Une vingtaine de kilomètres plus tard, on quitte la rivière pour remonter vers l’ouest par une montée très technique par endroit. Sur les 70km de pistes au total, seuls les premiers kilomètres de cette montée peuvent s’avérer difficiles pour les peu expérimentés (de la pente et quelques marches). On navigue ensuite vers 1000/1200 mètres sur des pistes très caillouteuses pendant plusieurs kilomètres avant de redescendre par toute une série d’épingles aux pierres roulantes vers de nouvelles gorges, celles de la rivière Kirri. Le bitume revient au village de Prekal, où deux bars ont bien compris que l’on n’arrive pas là sans avoir soif.
4h en tout pour relier Theth à Prekal, c’est à dire 3h de roulage un peu physique et 1h pour récupération et contemplation. J’avais anticipé beaucoup plus. Il n’est que 16h, j’ai donc du temps pour flâner avant de rejoindre la ville de Shkodër, au bord du lac de Skadar une fois encore, seulement 20km plus au sud que l’étape de la veille, mais je ne me lasse pas de ce lac. La ville de Shkodër vaut vraiment le détour, très animée le soir, ses ruelles dégagent une réelle atmosphère, et sont parsemées de petits bars dont tables et chaises envahissent les rues à partir de 20h.
Jour#13: Shkoder – quelque part au nord-est de l’Albanie. 280km















Il serait peut-être temps de reprendre le chemin vers le sud si l’on veut vraiment arriver au plus bas de la mer adriatique. Alors je pars…. vers l’est. Oui, lors des fouilles menées pour la préparation du voyage, je découvre qu’un lac artificiel traverse l’Albanie d’Ouest en Est, sur plus de 70km de Koman à Fierze. Une sorte de fjord au milieu de l’Albanie, que l’on rejoint au bout d’une piste de 50km au départ de Shkodër, sur lequel navigue un ferry pour assurer les liaisons de la population albanaise privée de la route noyée sous les eaux du lac par l’édification du barrage. Une soixantaine de personnes sur le ferry, essentiellement locale, une vingtaines de voitures, et deux motos: un slovaque tentait également l’expérience. Comme moi, il savait que les 3h de navigation allaient se faire au milieu des montagnes, dans un canyon impressionnant, mais comme moi aussi, il fut surpris de découvrir que le bar et le dance floor du bateau allaient très vite s’animer de bières et danses locales. Pour la bière, nous avons su parfaitement lui et moi nous adapter, beaucoup moins pour la danse, mais je suis prêt à m’entrainer pour une prochaine fois.
Sorti du ferry, on part pour 200km de routes de montagnes très étroites et chaotiques. Rarement une route m’aura épuisé plus qu’une piste. je me prenais parfois à rêver d’une ligne droite de 50 mètres. D’abord jusqu’à Kukes plus à l’ouest, puis le long des frontières kosovares puis macédoniennes. Il est tard, la région est déserte, mais on y trouve des fermes qui vous hébergent et vous nourrissent. Je m’arrêterais dans une sur un plateau. Une famille souriante et accueillante. On n’aura pas pu vraiment échanger de mots, mais on aura bien partagé le raki.
Jour#14: quelque part au nord-est de l’Albanie – quelque part au sud-est. 325km














Cette fois-ci, je tiens mon engagement : je ne dévie pas du cap sud, sur plus de 300km, ce qui m’emmènera au sud-est de l’Albanie près de la frontière grecque. Des routes de montagnes en début de journée, puis une longue piste de 50 kilomètres qui m’emmène vers la ville de Librazhd, de laquelle je rejoins le magnifique lac de Ohrid, partagé par l’Albanie à l’ouest et la Macédoine à l’est. Déjà exploré en 2018 côté macédonien lorsque de retour de Roumanie, je voulais revoir ce lac naturel aux eaux turquoises et émeraudes, sur plus de 30km de long et 15 de large. J’en profite pour faire une pause sur la petite péninsule de Lin, en dégustant au-dessus de l’eau la truite endémique du lac, appelée Koran. Je poursuis par une longue plaine vers Korça, sorte de capitale de l’est de l’Albanie, réputée pour sa bière du même nom, produite depuis plus d’un siècle. S’en suit une centaine de kilomètres de routes chaotiques et pistes de cailloux jusqu’aux montagnes boisées et fraiches de la réserve de Shelegur. Là, je choisirais l’option glamping, dans une famille d’agriculteurs dont je gouterais le veau. Vraiment perdu au milieu de nulle part, sous le grondement des orages.
Jour#15: quelque part au sud de l’Albanie- Gjirokaster. 210 km




















Me voilà donc au sud de l’Albanie, qui était un des objectifs de ce voyage, pour y découvrir ces paysages grandioses de montagnes arides, ses rivières, ses marques encore vivantes de la dictature communiste, et une nature et des traditions encore entièrement préservées si l’on fait abstraction de la partie côtière.
Je débute par une descente dans la vallée de Permet, avec en face de moi l’impressionnante chaine de montagnes rocheuses de Nemërçka. Arrivé en bas, je longe la rivière Aoos sur quelques kilomètres et me rends à l’entrée du canyon de Langarica et son magnifique pont ottoman. Sous 40 degrés, je m’engage vers le nord par une piste réputée tout aussi difficile que magnifique, et qui mène de l’autre côté du col vers le canyon de la rivière Osumit. Les premiers kilomètres jusqu’au sommet sont raides et techniques mais cela passe sans embûche. Une fois en haut, on navigue sur une crête aride d’où s’ouvrent d’immenses panoramas sur tout le sud de l’Albanie. Un peu trop euphorique peut-être, j’entame la descente qui, elle, ne présente pas de difficultés particulières. La piste est désormais plus large et moins caillouteuse. Et pourtant, dans une flaque de boue laissée par les orages de la veille, l’avant de la moto se dérobe et ne répond plus à mes ordres. C’est la chute!! Je me relève sans difficultés, mais sens bien que la cheville n’a pas aimé la réception au sol. Probablement une entorse, dont on ne ressent généralement la douleur que quelques heures après. Je relève la moto, je m’en veux de cette erreur d’appréciation d’adhérence alors que j’avais fait preuve d’attention et d’application depuis le départ 15 jours plus tôt, en franchissant des pistes bien plus difficiles sans erreurs de pilotage.
Bon, on se calme et se réconcilie avec soi-même, avant de repartir. Il va être difficile de piloter dans les chemins avec la cheville qui commence à être endolorie et moins mobile. Je termine tout de même la piste qui me mène sur un pont de bois où coule l’Osumit 90 mètres plus bas sous mes pieds et du bois pourris. Très impressionnant, à vrai dire même un peu flippant !
Je regarde la carte, simule sur mon GPS différentes alternatives pour rejoindre le point de chute (sans jeu de mot) prévu pour ce soir: verdict, il faut faire 150 kilomètres de petites routes tortueuses, ou 30 de pistes plus 15 de routes. Je choisis l’option 2, celle initialement prévue. Cela aura été la piste la plus difficile de tout le voyage, ornières, marches, rochers, boue. Je me concentre sur les choix de trajectoires, souffre, transpire, et laisse la Triumph user de son couple moteur pour passer les obstacles en douceur en m’économisant le plus possible. Arrivée au bout de ces 30 kilomètres, passées en deux heures et deux litres d’eau, je suis soulagé et même un peu fier de ne pas être le blaireau que je croyais être trois heures avant lorsque je me relevais de la chute.
Je rejoins la ville de Gjirokaster, un des plus belles villes d’Albanie, classée par l’Unesco, avec ses maisons traditionnelles accrochées aux pentes du Mali i Gjerë. C’est dans l’une d’entre elles que je passerais la nuit. La tenancière de la guesthouse sera à mes petits soins. D’abord un bandage d’oignon et de sel autour de la cheville, je lui fais confiance, puis elle me fournit des sacs de glaçons pour soulager la douleur. Je peux ainsi passer la soirée sur sa terrasse surplombant la ville, m’hydrater de houblon albanais et me sustenter de son excellente cuisine jusqu’à ce que la fatigue m’emporte vers la chambre juste à côté, elle même juste à côté de la moto. Je vais désormais devoir m’habituer à réduire les distances pédestres entre le lit, la moto, et les spécialités locales à déguster.
Jour#16: Gjirokaster – Igoumenitsa. 225km


















Réveil tout maché. La cheville est bleue, mais c’est aussi le genou qui a doublé de volume et un gros hématome a fait son apparition sur la cuisse. Petit dej à cloche pied, Dolipran, on sangle les bagages, et c’est reparti. Une fois sur la moto, avec les bottes hyper rigides qui font quasi office d’attelle, c’est supportable, hormis un manque de réactivité à la pédale de frein arrière. Avant de m’endormir, j’ai booké les 4 hôtels dont j’ai besoin sur le chemin du retour (1 Grèce, 3 Italie). Jusqu’à maintenant rien n’était réservé, mais là, je devais m’assurer d’avoir dans un périmètre réduit le lit, le parking et la terrasse du soir, jusqu’au retour.
Me voilà à nouveau en direction de l’adriatique par les petites routes de montagne pendant une centaine de kilomètres, parcourus de vestiges récents de la dictature communiste (chute du régime en 1991). On plonge vers l’adriatique, que je longe jusqu’à la frontière grecque. De beaux paysages côtiers aux baies turquoises, gâchés par endroits de spéculations immobilières anarchiques. Quelques kilomètres avant la frontière, une nature préservée reprend ses droits, au niveau du parc archéologique de Butrint dans une zone humide magnifique en termes de faune et de flore. Evidemment un regret, celui de ne pouvoir aller visiter à pied le théâtre romain, tel qu’il était prévu. Je m’allonge au pied et à l’ombre des ruines d’un château vénitien en bord de canal, pour récupérer de la forte chaleur, en admirant les nombreux échassiers qui habitent le parc.
Je repars vers la frontière grecque et m’arrête dans le premier village de pêcheur, Sagiada. Aucun touriste, une vue superbe sur Corfou, et un restaurant de poissons avec une carte de « génériques » et une carte de la pêche locale. Il est 17h mais peu importe l’heure, je reste là 3h à contempler l’adriatique et déguster Saint-Pierre et Bars en papotant avec le fils du parton marin-pêcheur, entre deux fournées de glaçons pour la cheville. Je prends mon temps car je ne suis plus qu’à 20km du port d’Igoumenitsa, d’où mon ferry pour l’Italie lève l’ancre le lendemain matin.
Nuit dans un hôtel face au port, test de houblons grecs, Dolipran, dodo.
Jour#17: Igoumenitsa – Brindisi. 290km (Qui ne seront pas comptés dans le total car je ne sais pas conduire un ferry)







8 heures de traversée de jour, dans le solarium du ferry, jusqu’à Brindisi, dans les Pouilles. Il n’y a pas d’ascenseur dans ce type de ferry, la montée et la descente de la cale au solarium (6 étages) auront été des moments difficiles pour ma cheville, le reste fut plutôt agréable : lecture, sieste, lecture, bière… slow life.
Arrivée à Brindisi, jolie ville portuaire, fortifiée, aux excellents spaghetti al frutti di mare.
jour#18: Brindisi – Castel del Monte. 525km









Crème sur la cheville et les hématomes, Dolipran, petit déjeuner très copieux et c’est reparti pour une longue journée de route afin de boucler ce tour de l’Adriatique. Je navigue par les petites routes des Pouilles entre Brindisi et Bari pour découvrir les « trulli », des huttes en pierres surmontée de toits pyramidaux, classées par l’Unesco. S’en suivent 250km d’autoroutes vers le nord pour rejoindre après une centaine de kilomètres de route de montagne le village de Castel Del Monte, dans les Abruzzes, et qui marque l’entrée du « Campo Imperatore », dans le massif des Appenins. On aperçoit encore les séquelles du terrible tremblement de terre qui a secoué toute la région de L’Aquila en 2009.
Petit hôtel sur la place centrale du village, houblons locaux, ravioli et agneau du campo.
Jour#19: Castel del Monte – Genova. 620km










La cheville est toujours endolorie mais on tient le coup. On peut monter à travers une route sinueuse au Campo Imperatore, un « altiplano » à plus de 1700m d’altitude, long de plus de 20km, traversé de sortes d’impressionnantes mers de graviers charriées par les pluies… un des plus beaux paysages qu’il m’ait été donné de voir en Europe, en particulier avec la lumière du lever du jour. Je passe une partie de la matinée à contempler ce plateau sous toutes ses coutures, avant de descendre vers L’Aquila, capitale des Abruzzes. Je poursuis ma route à travers les montagnes des Abruzzes, jusqu’à rejoindre la plaine vers Spoleto plus au nord. De là, c’est plus de 400km d’autoroutes par 40/42 degrés qui m’attendent jusqu’à Gênes, où j’arriverais tardivement dans un bel hôtel typique de l’architecture genevoise. Durant ces 400 kilomètres, la chaine de transmission recommence à claquer, elle a dépassé toutes les côtes d’usure. Et surtout un joint spi de fourche à lâcher, crépissant tout un côté de la moto et ma botte gauche d’huile de fourche. Il va vraiment falloir ménager la monture demain pour les 800 derniers kilomètres restant à parcourir. Je tiens le coup, l’anglaise beaucoup moins. Il faut dire que je ne lui ai rien épargné.
Houblons locaux, poulpe, Dolipran, dodo.
Jour#20: Genova – Rabastens. 810km






Petit déjeuner Focaccia et immersion dans l’agitation urbaine genevoise si typique, au sein de laquelle rouler doucement et prudemment est le meilleur moyen de dérégler l’équilibre naturel et historique de la circulation des deux roues dans Gênes. Passage sur le nouveau pont de Gênes, qui, contrairement à mon précédent passage de 2018, ne tombera pas le lendemain.
Puis, c’est la période « jour/nuit/jour/nuit » qui commence, tout au long de l’autoroute jusqu’à Nice : une succession interminable de tunnels et viaducs, durant laquelle ta main gauche passe son temps à monter et descendre l’écran solaire du casque. Encore 580km pour rejoindre Rabastens, en gérant la mécanique, c’est à dire en évitant toutes accélérations et décélérations trop brutales qui finiraient par briser la chaine de transmission, alors que l’arrosage d’huile sur ma botte se poursuit tout au long du parcours.
Arrivée à 20h, soulagé que la mécanique ait tenu le choc final des 800km d’autoroutes. A la fois épuisé et ressourcé par ce grand tour de la mer adriatique de 20 jours, à l’écart des hordes de touristes et à la recherche des endroits les plus reculés et des moments de contemplation. De grands moments d’émotion, quelques belles rencontres. De grands moments de concentration et d’attention aussi, lors de passages techniques ; puis des moments de laisser-aller dans les grands espaces. Des lieux encore marqués par l’histoire, marqués aussi par la richesse de leur patrimoine naturel.
Super voyage , j ai fait la Croatie en 2018, jusqu’à Monténégro.
Votre voyage me donne envie ✌️
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