A travers les départementales de France

Espagne, Portugal, Roumanie, Albanie, Italie, Grèce, Autriche, Slovénie, Croatie, … tout ça, c’est fait (et à refaire) ! Alors pourquoi pas la terre natale. Ce sera par les départementales, parce que la caillasse, j’ai donné en mai avec le TET Spain (qui m’a coûté un pied). Et la période estivale, ses incendies et le respect du partage de la nature m’éloignent du plaisir de rouler dans les chemins. Voilà donc la Triumph, plus solide que moi, repartie en cavale, pour 4580km, en 10 jours, avec un intermède d’une semaine « pause Bretagne ». Oui, je peux aussi poser mon cul sur une serviette avec un bouquin toute une semaine (si et seulement si il y a de très bons amis, des bières locales, des bulots et araignées,… sinon, je roule).
Bon, bah, La France, c’est beau aussi en fait, avec des bons contrastes de paysages dans une seule et même journée, une gastronomie riche (dans tous les sens du terme). Par contre, au regard du sud de l’Europe, les petites routes y sont pourries en termes de revêtement, et ce d’autant plus que la canicule jusqu’en Bretagne à rendu beaucoup de petites routes dangereuses à moto (goudron fondu donc glissant, et vas-y que les communes y balancent des tonnes de gravier, histoire d’aggraver le danger). Pas grave, seuls les paysages comptent, et dans les départements les plus centraux de la France (ceux avec peu de touristes), le plaisir de pilotage est demeuré entier. Et puisqu’il faut bien des prétextes aux voyages, la Loire aura été celui-ci, avec sa jetée dans l’océan et sa source. Mais la Loire (mal en point niveau hydrométrie) joue petit, avec ses 1020km, et on s’emmerderait à la suivre, car bien plate et rectiligne.

Le day by day

Jour#1: Rabastens – Vic sur Cère. 445km

Bagagerie souple sanglée, 2 litres de flotte (ça tape sévère), et c’est parti. On attaque par les Monts de Lacaune, bastion protestant (et du jambon) et ses belles forêts et villages à l’abandon, pour traverser l’Aveyron du sud au nord par une trace la plus directe à travers une palanquée de petites routes de campagne (merci Osmand). Nous voilà au pied de l’Aubrac. Il était trop tard (ou trop tôt) pour l’Aligot. Paysages d’Aubrac sublimés par une belle luminosité. On redescend par le beau Cantal vallonné pour rejoindre les contreforts du massif des volcans auvergnats.

Jour#2: Vic-sur-Cère – Genouillac. 470km

A nous les volcans, avec la très belle montée vers le Puy Mary. Puis, l’addiction revient, une cinquantaine de kilomètres de pistes sur les plateaux entre le Puy et Salers, histoire de voir ce que l’on a dans l’assiette de plus près. On poursuit par le Puy Sancy, et ses magnifiques forêts au Nord, avant une dégustation de bleu d’auvergne. Avant d’arrivée dans la Creuse pour une pause, on s’offre une belle diagonale au travers du plateau de Millevaches.

Jour#3: Genouillac – Montjean-Sur-Loire. 410km

Très belle découverte que de longer la Creuse, la petite et la grande, entre Genouillac et Argenton sur Creuse, par pistes et routes départementales. On entre ensuite dans le département de l’Indre, peu inquiet du surpeuplement humain. Des lignes droites sans fin sur des routes très étroites, longeant des étangs au sein desquels des troupeaux entiers de vaches trempent leurs pattes à la recherche d’une introuvable fraicheur. Je découvrirai plus tard qu’il s’agissait du parc naturel de la Brenne. Temps de rejoindre Chinon et son vignoble, puis les bords de Loire de Langeais jusqu’à Montjean-Sur-Loire. 150km à suivre le Fleuve, à travers vignobles et châteaux. On découvre le faible niveau de l’eau et on s’inquiète pour les anguilles. Arrêt à la Guinguette « Au bout de l’Ile » pour la nuit, un endroit exceptionnel, protégé, où l’on savoure une excellente cuisine, des bières et vins locaux, avant un coucher de soleil somptueux sur la Loire

Jour#4: Montjean-Sur-Loire – Pont-Aven. 455km

On repart pour une centaine de kilomètres en bord de Loire jusqu’à Saint-Brevin, voir la Loire jouer de sa force (mise à mal par la sécheresse) contre l’océan. Assez peu de plaisir de pilotage durant ce parcours de bord de fleuve, mais de superbes vues jusqu’à l’estuaire, avec vue sur l’impressionnant pont de Saint-Nazaire, le port gazier, et les chantiers de l’Atlantique. Mon amour des ports me conduira à y naviguer en son sein durant une heure, impressionné par l’activité qui s’y déploie. On poursuit par une balade dans les salins de Guérande, en pleine période de récolte, fructueuse cette année en raison de la chaleur et des vents. Et voilà qu’arrivent les tant attendus premiers crustacés, pause déjeuner à la Turballe. Quelques langoustines négligemment échouées sur une choucroute de la mer (c’est à dire du chou baigné dans de la crème et du beurre). On rejoint Quiberon par La Roche-Bernard, le Golfe du Morbilhan et la jolie ville de Auray, en multipliant les pauses dans le golfe, et en allant prendre le grand air sur la petite route de la cote sauvage de Quiberon. On traverse ensuite plusieurs estuaires et petits ports jusqu’à Pont-Aven, transformé depuis « les deux petites pommes » de Jean-Pierre Marielle en pseudo village d’artistes. Un bel arrêt cependant pour la nuit.

Jour#5: Pont-Aven – Dinard. 445km

Après 20 ans d’absence, Finistère Nord, me revoilà !! Ce sera une traversée par les terres, via Châteauneuf du Faou, le long des rives de L’Aulne, puis des forêts de Huelgoat, et des Monts d’Arrée, récemment touchés par un incendie, dont des points de chaleur subsistent encore au pied la Chapelle Saint-Michel (le sommet de la Bretagne). On rejoint l’étonnante ville de Morlaix, encaissée entre deux collines où entre l’Océan, ou la Manche, je ne sais pas. Je sais en revanche que l’on y boit de la Coreff, produite plus au Sud à Carhaix. Reste à longer la côte Nord durant 200 kilomètres, après un arrêt moules-Andouille au port de Terenez. Plougasnou, la côte de Granit Rose, la baie de Saint-Brieuc, le très beau village de Pontrieux, … Puis le Cap d’Erquy, le Cap Fréhel, le village de Matignon (si si), pour arriver dans un camp de base de 6 jours, à Dinard, pour de toutes autres vacances.

Jour#6-Jour#12: Varia autour de Dinard. 0km

6 jours avec Laurence, Fred, et Sylvain, centre de Dinard face à la mer et l’île Cézembre. Ceux qui doutent (moi le premier) que je ne peux rester dans un même lieu à rien foutre se trompent allégrement. Le combo « plage-lecture-plouf, bières locales, araignées-tourteaux-bulots, casino-roulette, balades pédestres (courtes hein!) pour couchers de soleil » me sied parfaitement. Mentions spéciales à :

  • La brasserie Bosco à Saint-Malo
  • L’île de Cézembre
  • La pique à Bulots (resto-plateaux avec quantité de mayo et beurre salé en quantité suffisante)
  • Le haut coefficient de marée

Jour#12: Dinard – Cherbourg. 370km

Bon, OK, 6 jours, mais pas plus, j’ai l’antivol de la Triumph qui commence à s’oxyder (fallacieux prétexte). On attaque par de l’Océano-bucolique avec le tour de l’estuaire de la Rance, le village de Saint-Suliac, et le cimetière à bateaux où rouille et art du graph s’entremêlent. Puis visite du cluster des ostréiculteurs, à moto au milieu des bateaux à roues (j’en veux un), avant de m’approcher au plus près du Mont Saint-Michel par des pistes sablonneuses au milieu des champs de carottes, en évitant la route officielle que l’on aperçoit au loin envahie de bagnoles et maisons à roues diesel. Grande chance, marée super basse ! C’est encore plus beau au Nord (ça doit déjà être la Normandie), du côté de Genêts, et de la plage de Pignochet (drôle de nom), avec ces mini cahutes en bois. Le Mont-Saint Michel ne s’y voit que de très loin, mais l’immensité de la zone retirée de l’eau est impressionnante. On poursuit avec une pause au sommet de la cité de Granville, avant de rejoindre la pointe Nord du Cotentin, qui aura ma faveur au niveau des paysages (Nez de Jobourg, Phare du Cap de la Hague, et la peinarditude de Digulleville), et des couleurs des terres, de la roche et de l’océan, de Flamanville à Cherbourg (si l’on fait exception de leur putain d’EPR et traitement de leur merde). La journée se termine à Cherbourg par la deuxième manche de l’étude comparative Bretagne/Normandie des choucroutes de la mer : match nul.

Jour#13: Cherbourg – Lillebonne: 395km

On poursuit tôt le matin l’escapade normande, en direction du croquignolet port de Barfleur et le phare de Gatteville. Assez peu fréquentée, sauvage par endroit, cette partie de la côte normande aura eu ma faveur, comparée à la partie Cabourg-Deauville, gavée de monde et sans charme particulier hormis les anciennes maisons bourgeoises. Entre ces deux extrêmes, quel plaisir de se perdre par des pistes et routes étroites dans la zone de marécages de Beauguillot et la baie des Veys. Puis de longer la côte entre Grancamp et Port en Bessin, se rendre compte que les soldats américains ont oublié de reprendre leur bordel après la bataille. Plus sérieusement, cette partie de la côte génère beaucoup d’émotions tout au long de ses dunes, falaises et anciennes fermes, lorsque dans son casque on se prend à imaginer les scènes qui s’y sont déroulées. Pour se remettre des émotions, il aura fallu un dernier tourteau à Port en Bessin. La fin de journée, de Honfleur à Fécamp aura distillé des charmes différents, avec les falaises d’Etretat. C’est magnifique, mais vraiment trop de monde pour moi. Heureusement la moto permet de se faufiler partout pour contempler les lieux, alors que les touristes agglutinés doivent passer la journée à chercheur une place de parking. Evidemment, week-end de 15 aout, pas le moindre hébergement disponible, je me dirige donc dans les terres, en bord de Seine, à Lillebonne (sans charme). Une frustration: le temps perdu dans les bouchons de et entre Cabourg et Deauville m’aura empêché d’aller m’immerger dans les (paraît-il) beaux villages du Pays d’Auge (gouter quelques Calvados)

Jour#14: Lillebonne – Avallon. 535km

Exceptionnellement aujourd’hui, un peu d’autoroutes pour rejoindre la capitale. Mais avant cela une cinquantaine de kilomètres dans le parc des Boucles de la Seine et la forêt de Brotonne, avec de belles demeures et fermes normandes, les bacs pour traverser la Seine à l’ancienne. Une fois entré dans Paris, quelques photos en mode « touriste asiatique », et cette étrange sensation de rouler dans un Paris sans parisiens (pour compenser le fait qu’ils m’aient retardé à Deauville ?), à moto, sans le PC du boulot sur le dos pour je ne sais quel colloque. Récompense: une bière « La Parisienne » à Bastille. A nouveau autoroute pour rejoindre Auxerre et entrer rapidement dans le Morvan (trop rapidement, flash). Quel belle région, parcourue en fin de journée (rives de l’Yonne entre Mailly le Château et Coulanges ; Lormes et Brassy, lac de Chaumeçon), et le lendemain matin. Nuit à Avallon, jolie ville médiévale.

Jour#15: Avallon – Saint-Maurice de Roche. 405km

La pluie, enfin !! Pas l’idéal pour traverser le parc naturel du Morvan niveau pilotage, entre Avallon et Digoin, où, oh surprise ! revoilà la Loire. On tire plein sud vers les Monts du Forez, non sans avoir souri à l’entrée du village de Lapalisse. Les monts du Forez, entre Boën sur Lignon et Ambert (jumelé avec Gorgonzola), resteront une très très belle découverte, au niveau paysage, beauté des forêts et plaisir de pilotage. On rejoint le hameau de Saint Maurice de Roche, en Haute Loire, pour une étape culinaire locale réussie ici.

Jour#16: Saint-Maurice de Roche – Rabastens. 585km

Départ très tôt le matin, car c’est le dernier jour, l’arrivée est lointaine, et les points d’intérêts très nombreux. On navigue à travers les Monts de Haute-Loire, au Nord du Puy-En-Velay, entre volcans d’Auvergne et parc naturel du Pilat, pour rejoindre le parc naturel des Monts ardéchois. Belle découverte, moi qui ne connaissais que le Sud de l’Ardèche et ses gorges. Là, c’est moins aride, très boisé, et les routes entre Yssingeaux et Privas sont magnifiques pour tout motard souhaitant ne plus quoi savoir regarder entre trajectoires et paysages. Une fois Privas atteint, on bifurque vers le Mont Gerbier des Joncs, voir d’où déboule la flotte qu’on a vu se jeter dans l’océan à Saint-Nazaire une douzaine de jours plus tôt. Comme par hasard sur la route, on y trouve des caillettes, avec galettes de pomme de terre, accompagné d’une excellente bière ardéchoise. On poursuit avec le Mont Lozère le périple des sommets de la Région. Il est tard, alerte météo, le ciel s’assombrit brutalement. On tire sur Rodez, Albi, Rabastens, en pleine tempête jusqu’à Rodez, en séchant au soleil sur la 4 voies ensuite.

End of the game. La Triumph a perdu de la gomme, j’ai pris trois kilos. Next ride ASAP

Laisser un commentaire