La péninsule ibérique est parcourue tout au long de ses grands axes par des hordes de motards Européens durant tout l’été ; par des trails sur-équipés qui ne mettent que rarement leurs roues hors bitume. J’ai moi-même participé à ces pèlerinages Espagne – Portugal à plusieurs reprises, visitant et reliant les plus belles villes et plages de ces deux pays. Or, la péninsule regorge de lieux plus confidentiels, de chaines de montagnes à profusion, de déserts et vallées perdues, de routes à peine visibles sur les cartes Michelin, de villages et vallées reculées loin des grands axes, et surtout de pistes et chemins de montagnes permettant de chaque jour se sentir complètement dépaysé et de réellement explorer les capacités d’un trail à voyager.
Bref, on peut partir à l’aventure sans aller au bout du monde mais en restant « en bas de chez soi », c’est à dire de l’autre côté de nos Pyrénées.
Ce billet retrace 11 jours de voyage sur la péninsule, par petites routes et chemins. 4450km, avec un objectif d’en réaliser un quart hors bitume. Objectif atteint, malgré des difficultés d’usure prématurée de pneu. Pas de préparation de road book a priori. Juste un usage intensif au jour le jour de Maps-Me pour localiser les parcours off-road et être localisé en permanence sans 4G ; de bonnes vieilles cartes Michelin pour la route, et l’appli du même nom. Toujours le même F800GS et ses 65000km. Et toujours la même consigne: lorsqu’on s’engage dans du off-road avec une moto lourde et chargée, et sans connaître les pistes et chemins dans lesquels on s’engage, toujours veiller à prévoir de faire demi-tour face à une partie dont on n’est pas sûr de pouvoir passer en sens inverse, dans l’hypothèse où l’on se retrouverait bloqué plus loin.
(NB: un fond de carte Michelin est fourni pour le roadbook de chaque jour. Les zones rouges sont les zones off-road qui s’écartent de la trace route Michelin. Plus d’info pour les traces sur demande)
Jour #1: Toulouse – Benabarre. 435km (90 off-road)
Traversée des Pyrénées par le Port de Bonaigua comme mise en jambe pour rejoindre Sort. Là, plutôt que de passer d’une vallée à l’autre par la superbe route Sort/La Seu d’Urgell, on préfère aller explorer un peu plus au sud les pistes de la Serra de Mollet et de la Serra del Bosc qui permettent aussi de rejoindre les deux vallées. Plus bas encore, on repasse dans l’autre vallée par le Col du Boixolso où l’on peut explorer quelques pistes au sommet. On rejoint après avoir traversé Tremp le Montsec d’Ares, parsemée de pistes permettant de belles vues sur le Défilé de Mont-rebei. Première nuit à Benabarre, avec de premières courbatures et un sélecteur tordu mais opérationnel, après avoir tenu tête à un rocher (c’est costaud BMW !).
Jour #2: Benabarre – Zaragoza. 320km (210 off-road)
Superbe journée à 6 litres d’eau (+ bières) et 40° de moyenne, de quoi s’imaginer sur un autre continent, dans des paysages désertiques. On commence par le lac et le barrage de Canelles, pour rejoindre par une longue piste superbe en termes de vues et de technicité le village abandonné de Finestras. Puis, on revient vers le barrage, à partir duquel vers l’est se dessinent des dizaines de km de pistes faciles et joueuses vous permettant de rejoindre la route qui descend vers Balaguer. Puis on rejoint Alcolea de Cinca (vu le nom, pause cervezas de rigueur), où une incroyable falaise domine la ville, au-dessus de laquelle quelques km de pistes sont à explorer.
Il est temps de rejoindre le désert de Monegros. Si comme moi vous connaissez le désert des Bardenas par cœur, en avez un peu marre de ses bouchons et les difficultés à cadrer une photo sans qu’une autre âme humaine motorisée s’y incruste (un désert, c’est quand on est seul !), alors rendez vous dans les Monegros (mais vous le dites à personne). On l’entame par la « Ruta Jubierre », une fois passé le village de Sena. De là, s’ouvrent de part et d’autre de cette Ruta (une piste large et facile qui rejoint Castejon de Monegros) une multitude d’autres pistes qui permettent d’aller découvrir plusieurs formations géologiques surprenantes (les tozales). Mon appli Maps-Me me permet de ne pas me paumer et retrouver la piste qui passée un petit col vous ramène plus au sud vers Castejon de Monegros (et l’impressionnant canal d’irrigation creusé au fond d’un canyon). En deux/trois heures et une soixantaine de km dans ce petit désert, je n’aurais croisé personne … Une vraie réussite !
Il reste encore quelques heures avec la tombée de la nuit pour aller explorer à proximité la Serra de Alcubierre, où dans un autre type de paysage plus boisé se dessinent une multitude de pistes dont certaines très techniques mais franchissables (ornières profondes de ravinement et passages à gué). On attaque au sud par le village de Farlete pour monter au sommet à la chapelle San Caprasio, dans un paysage aride, puis au descend par le nord vers Alcubierre cette fois-ci à l’ombre des pins. Il est 21h, une grosse journée off-road ; on rejoint l’ambiance de Zaragoza pour quelques récompenses viticolo-culinaires.
Jour #3. Zaragoza – Cuenca. 375km (130 off-road)
Départ vers le sud jusqu’au village de Aguaron qui comme son nom ne l’indique pas est spécialisé dans la production de très bons vins, un très joli vignoble avec de belles bodeguas. De ce village, un col mène vers Codos à travers la sierra de Algairen. Au sommet du col, sur la gauche, démarre une piste de crête à travers toute la sierra sur une vingtaine de km jusqu’à retrouver plus bas la nationale qui mène au très beau village médiéval de Daroca, coincé au fond d’un canyon de terre rouge. S’en suivent d’impressionnantes lignes droites désertiques jusqu’à Molina de Aragon, départ d’un terrain de jeu fabuleux dans le parc du Alt Tajo (les sources du grand fleuve de Lisbonne débute ici dans l’Aragon). On entre dans cette zone de montagne par un petit col, qui vous mène jusqu’au village de Taravilla, à partir duquel, en poursuivant quelques kilomètres, on découvre sur la gauche une piste qui pendant une vingtaine de kilomètres vous permet de surplomber le Taje et de trouver plusieurs lieux idylliques de baignades (eaux fraiches) et une improbable lagune d’altitude. Arrivé en bout de piste, on retrouve la route, que l’on prend à droite par un superbe col, au sommet duquel des plateaux du Alt Tajo s’offrent à vous pour une infinité de pistes avec des vues magnifiques sur le canyon du Taje. Puis on se laisse descendre par de superbes routes sinueuses à souhait jusqu’à la belle ville de Cuenca.
Jour #4. Cuenca – Guadalupe. 545 km (130 off-road)
On suit les traces de Don Quichotte vers le sud-ouest pour rejoindre par d’immenses étendues et 150km plus tard le village de Consegrua et ses moulins parfaitement conservés. A partir de là, on entre à nouveau dans des zones montagneuses propices aux « sorties de route ». Entre les hameaux de Robledillo et El molinillo, on traverse le parc de la Sierra del Pocito loin des axes routiers et au beau milieu d’une faune riche (biches, cerfs, …) durant une trentaine de kilomètres de pistes cassantes mais parfaitement accessibles (attention, restez sur la piste principale, c’est un parc naturel protégé). On rejoint ensuite le hameau de Navas de Estana, duquel démarre un col au sommet duquel la vue sur les étendues autour de Toledo est impressionnante, on redescend par l’ouest pour rejoindre entre routes en mauvais état et pistes le parc et le lac de Cijara, dans l’Extremadura, on l’on a plaisir à rouler sur les pistes qui émergent lorsque le niveau du lac baisse autour de Helochosa de los Montes. Comment résister par ces 40 degrés à une baignade dans ce magnifique lac. Une fois atteint une cinquantaine de km plus tard le barrage de la Cijara, on remonte pour une nuit dans la jolie ville de Guadalupe.
Jour #5. Guadalupe – Ciudad Rodrigo. 385km (75 off-road)
Cap nord-ouest pour espérer approcher le Portugal le soir. On retrouve le Taje, beaucoup plus large et sage, après 50 km de belles routes sinueuses. On rejoint Jarandilla de la Vera afin d’attaquer de nouvelles sierras. Premier col, très étroit, le Puerto del Piornal. Arrivé au sommet, même scénario désormais prévisible dans ces régions: des pistes à perte de vue vous permettent d’aller encore plus haut. J’en profite une cinquantaine de km, au milieu de sages troupeaux et chevaux (dont je respecte la quiétude). On redescend durant 1000m de dénivelé à travers une zone entièrement plantée de cerisiers et de petites coopératives, avant d’attaquer le col suivant, le Puerto de Honduras. Même scénario à son sommet. On poursuit par des jolies routes déjà parcourues il y a 5 ans, au Sud de Salamanca, à savoir le Puerto de El Portillo, le village médiéval de La Alberca, avant de monter au sommet de la Peña de Francia, sorte de Mont Ventoux local, perché à 1720m, qui offre une vue à 360° sur la région. On se laisse redescendre vers l’ouest à travers des paysages de premiers chêne-lièges qui laissent à penser que le Portugal n’est désormais plus très loin. Arrêt à Ciudad Rodrigo, une sorte de Salamanca en miniature du point de vue architectural, et surtout l’occasion de faire une pause dans mes tentatives de réduction de consommation de viande bovine, car la ville est un haut lieu de dégustation du bœuf IGP de Morucha de Salamanca…. Un chuleton por favor !!
Jour #6: Ciudad-Rodrigo – Manteigas. 330 km (90 off-road)
On est désormais plus très loin du Portugal, et l’objectif est de choisir une des plus jolies frontières, parmi les nombreuses dont le Duro sépare les deux pays pas toujours très amis. Mais je constate au départ que mon pneu arrière a fondu avec la chaleur des routes de la Mancha et de l’Extremadura, ce qui va rendre de plus en plus difficile le off-road, et ce d’autant plus que je n’ai pas prévu de passage par des villes suffisamment grandes pour y trouver un modèle de pneu mixte. Tant pis, on verra bien. On monte vers le nord, avec l’objectif de traverser la frontière par le Salto Saucelle, un des plus beaux passages (réservant les autres pour le retour). Les 50 premiers km du jour se feront par des pistes faciles qui arpentent les plateaux et bordées de jolis murs en pierre qui séparent les parcelles et les troupeaux de bœufs de Morucha (dont la taille des cornes n’invitent pas à les approcher). Puis on descend au « Salto », à partir du village de Lumbrales, à travers des gorges magnifiques.
Le Duro apparait vu d’en haut. On y descend et on le longe quelques km pour admirer les vignes qui l’entourent ; avant de parcourir une centaine de km sans grand intérêt pour atteindre l’objectif du jour: le point culminant du Portugal: La Serra Da Estrala, au cœur du parc national du même nom. Malgré l’état du pneu, on s’engage sur des pistes à partir du versant nord et le petit village de Folgosinho pour atteindre au bout d’une trentaine de km de pistes tantôt sablonneuses tantôt rocailleuses le plateau qui domine la petite ville de Manteigas, paysage lunaire avec des rochers qu’on imagine être tombés du ciel. On poursuit dans le parc avec l’objectif d’atteindre un lac d’altitude repéré sur Maps-Me, par une piste faite de galets roulants … et patatra !! cela devait arriver: je m’engage dans un montée très pentue, la moto m’échappe et tombe quelques mètres plus bas. Deux raisons à cela: 1. je dois me rendre à l’évidence, je ne suis pas assez expérimenté en tout-terrain. Un vrai pilote tout-terrain serait passé sans problème. 2. j’avais peut-être oublié que je m’engageais sur une trace très technique avec un pneu ayant perdu ses tétines pour assurer une bonne adhérence. Il m’aura fallu quelques moments de réflexion et quelques techniques à base de produits naturels (branches et troncs d’arbres morts) pour me permettre de dégager une moto de plus de 250 kilos de ce ravin (et deux heures de stress). Néanmoins tout fier, même si épuisé, de m’en être sorti, je poursuis jusqu’au sommet de la chaine de montagne (2000m), mais cette fois-ci par la route, où je découvre une vierge sculptée à même la falaise…. comprenant mieux pourquoi je m’en étais pas trop mal sorti. Descente à Manteigas, pour troquer une San Miguel contre une Super Bock… et reposer tout ce petit monde.
Jour #7: Manteigas – Miranda do Duro. 480km (0 off-road)
La préoccupation du matin: trouver un pneu arrière mixte. Mais don’t panic ! La Serra da Estrala, c’est tôt le matin qu’il faut l’arpenter, pour passer par dessus les nuages. Ce sera chose faite en réalisant à l’envers toute la boucle de la veille au somment du massif (environ 70km). 0 voiture, ciel bleu à 2000m et au-dessus des nuages à 360°. Somptueux visuellement, rare au niveau plaisir de pilotage.
On se dirige vers Guarda, 50000 habitants, dans l’espoir de trouver un pneu. Peine perdue: 5 concessionnaires moto et un accessoiriste ; pas un ayant un pneu à disposition avant 3 jours. Je pars vers le nord-ouest, résigné, annule la montée vers le parc national de Penada-Geres dans lequel j’envisageais une session off-road d’une journée, mais ni la météo n’est favorable, ni le pneu ne le permet. Direction donc Miranda do Duro par la route, avec comme grande consolation toute la partie des vignobles du Porto le long du Duro et quelques affluents (les parties affluents sont en fait plus jolies).
On rejoint Miranda do Douro par une route neuve (merci l’UE) serpentant pendant 150 km à travers montagnes et grands lacs. Une interrogation pour la suite du périple, tenter encore de trouver un pneu si loin des grandes agglomérations, ou rentrer en France en une journée par l’autoroute? … La bacalao sera de bon conseil.
Jour #8: Miranda do Duro – Puebla de Sanabria. 415 km (80 off-road)
Me levant le matin dans ce beau village du nord du Portugal, je sais, car repérés par quelques signets Maps-Me avant le départ du périple, que je suis au plus près des plus beaux spots du long canyon du nord du Duro. Je ne peux me résoudre à rentrer en France au plus court sans prendre le risque « technique » d’aller y jeter un œil. Je me rends par quelques kilomètres de routes puis une piste en lacets descendant au fond du canyon au « Barragem Picote ». Là, je me retrouve seul, jusqu’à ce qu’un homme (j’apprendrais plus tard qu’il se prénommait Armando) s’approche de moi, avec sa tenue d’agent de sécurité (des fois que j’ouvre une vanne du barrage). La rencontre commence, en français, par une belle engueulade car je n’ai visiblement pas vu les panneaux d’interdiction. Puis Armando se détend, et se révèle être le wikipedia de la moto, me déconseillant de rouler avec un tel pneu (jusque là, je partageais sa connaissance). Puis l’homme prend son téléphone, et 3 coups de fil à ses réseaux d’amis après, m’invite à me rendre à Sendim, à moins de 10 km, village de 1487 habitants, où son ami réparateur de vieilles brêles, tondeuses et débroussailleuses, à une surprise pour moi: LE PNEU MAGIQUE. Un Pirelli à la bonne taille, mixte route/off-road, plus produit depuis 10 ans, mais encore tout emballé. Punaise, Armando, tu étais de mèche avec la vierge de la falaise d’il y a deux jours !!
Me voilà revigoré, pouvant poursuivre le périple sereinement, me ré-engager dans les chemins. Je continue à enchainer les saltos et barragems par les routes et les pistes, entre plateaux et descentes dans le canyon, alternant une roue en Espagne une roue au Portugal (seule la marque de bière change). Barragem de Bemposta, de la presa de Aldeadávila, de Saucelle, et toute une série de « miradors » spectaculaires, accessibles uniquement par les pistes, le tout sans croiser personne. Merci Google Earth, sans toi, je n’aurais probablement pas repéré cette micro-région vraiment impressionnante.
On part vers le nord durant une centaine de kilomètres sans trop d’intérêt avant de finir la journée par une traversée du parc national espagnol de la Sierra de Culebra, des montagnes arrondies à perte de vue, avec pour seule végétation du romarin (dont l’odeur était exacerbée par une pluie fine), et quelques jolies arrêtes rocheuses de-ci de-là longées par des pistes de terre et roche ouvrant sur des superbes panoramas. On rejoint le village de Puebla de la Sanabria pour la nuit (et une joue de boeuf locale avec champignons locaux, deuxième entorse à la résolution « réduction de Co² »).
Jour #9: Puebla de Sanabria – Oviedo. 425 km (140 off-road)
Longue journée de montagne pour rejoindre Oviedo le soir. Des routes étroites de montagnes, et des cols non routiers repérés toujours sur la même appli, à cheval entre les Montes du Léon et les Montes des Asturias, moins connus que les célèbres Picos de Europa qui nous attendent le lendemain, mais tout aussi impressionnants et sans horde de touristes. Après quelques km de routes, on serpente le plateau de Truchas par des pistes larges et sablonneuses, puis on attaque un premier col étroit à près de 2000m dans la Sierra del Toleno, duquel quelques pistes d’altitude démarrent, juste gachées par quelques pylônes de téléski. Quelques km plus bas, par une descente à épingles très serrées et 18% de pente annoncée (rendant le col du Stelvio finalement très roulant), on atteint un village de montagne magnifiquement restauré (La Peñalba de Santiago). Plus au nord, on entre dans la réserve nationale de « Los Ancares de Leoneses », où à partir du village reculé de Guimara, une piste cassante de plus de 30 km permet de rejoindre une vallée plus au nord, avec un passage à plus de 1800m (Puerto de Cienfuegos). Pas le droit à l’erreur, pas de problème mécanique, car pas de réseau. J’aperçois au loin des troupeaux, et en déduis que des éleveurs doivent passer de temps en temps. Je m’y engage alors. Mais punaise ! le voilà le vrai charme du voyage à moto.
On rejoint ensuite Oviedo par un col traversant la Reserva National de Somiedo. Oviedo, belle ville des Asturies, célèbre pour ses sidrerias et ses produits régionaux, notamment le fromage « Cabrales », venant accompagner des kilos de barbaques dans les sidrerias.
Jour #10. Oviedo – Espinosa de los Monteros. 450 km (120 off-road)
Trop optimiste sur le road-book du jour pour cette avant dernière étape (message subliminal de la banquière: « faut rentrer Monsieur ». Ce n’est pas une amie de la vierge de la falaise). Ce sera un départ d’Oviedo à 8h du matin, pour un arrêt du moteur 14h plus tard à Espinosa de Los Monteros, après une traversée horizontale de la Cordillera Cantabrica, dont les fameux Picos de Europa, mais pas que. L’occasion de mener encore la moto sur des pistes de haute montagne.
On commence par enchainer deux cols: le Puerto San Isora (ou les habitants d’Oviedo viennent l’hiver digérer les kilos de bonnes bouffes qu’ils avalent sur les pistes de ski) et le Puerto de Tarna. On approche des premières échappées sur les Picos de Europa. Pour s’offrir les plus belles vues sur les pics et approcher au plus près ses impressionnantes formations géologiques, deux alternatives de pistes (plus ou moins autorisées. En fait, les panneaux d’interdiction sont mentionnées sur les sorties et pas sur les entrées, et l’on croise plusieurs 4×4 de business de balade): La première, au sommet du Puerto de Pandetrave. Une piste débute sur la gauche. Elle est parfois facile, parfois technique, mais surtout offre des vues superbes sur les pics et les vallées autour. Elle rejoint le repère à touristes du téléphérique du Mirador del Cable. La deuxième: rejoindre plus au nord le village de Sotres, de là une piste mène au même endroit, pour des vues très belles également, mais préférence pour les premières. Une fois ces deux pistes faites, vous aurez fait une trentaine de kilomètres de pistes de haute montagne.
On rejoint ensuite le « Saja Parque » en empruntant le Collado de Hoz par une route de montagne offrant de belles échappées. Dans le Parc naturel de Saja, on parvient à faire de manière légale une trentaine de km de pistes dans une végétation luxuriante entre Uceida à l’ouest et Villasuso à l’est. On rejoint ensuite les sources de l’Ebre et le grand barrage qui s’ensuit, avant de remonter au nord par une petite route de montagne passant par San Pedro de Romeral (si vous aimez les éoliennes, pistes à profusion pour les « visiter ») . On arrive à Vega de Pas pour entamer un de mes endroits préférés du Nord de L’Espagne: le Puerto de la Estacas de Trueba. Une montée abrupte à l’ouest avec de très belles formations géologiques, un sommet dans les nuages, et une descente douce à travers prairies et cascades jusqu’à Espinosa de los Monteros, une petite ville de cantabrique typique et dégageant une belle atmosphère. Mon caprice sera – tardivement, la nuit vient de tomber – de m’y offrir une chambre d’un modeste « Hostal », mais avec un bow window typique de la région.
Jour #11: Espinosa de los Monteros – Toulouse. 590km (0 off-road)
Dernier jour, sous la pluie, mais cela n’empêchera pas de s’offrir quelques points de vue sur l’Atlantique le long de la côte basque entre Bilbao et San Sebastian, à travers les forêts de pins et d’eucalyptus. Plusieurs points d’intérêts, dont la playa de Laga, l’impressionnant village de Elantxobe, et quelques pinchos à Leikeitio.
Ne reste plus que 380 km d’autoroute pour rejoindre Toulouse, sale, le pilote comme la moto.
Bilan
A l’issue de 4450 km sans s’éloigner de plus de 900 km de Toulouse à vol d’oiseau, ce parcours permet vraiment de s’évader, de varier les paysages (de l’aride au luxuriant), les cultures et langues (du catalan, castillan, portugais, basque), et mêmes les températures (min 8°, max 43°). Tout cela en trouvant un grand terrain de jeu off-road sur près de 1000 km. Bref, rien à voir avec la virée au long cours de l’année passée, et pourtant un plaisir tout aussi grand. Quant à la moto: fiable, serviable, efficace en toutes circonstances et tous terrains, malgré son âge, son kilométrage, et les mauvais traitements subis.
Une réflexion sur “Trail des sources Taje, Duro, Ebre – 2019”