Cela trottait depuis plusieurs années dans les roues de la 800GSA, et l’ouverture d’une ligne Corsica Ferries vers Trapani aura été l’occasion de libérer le fauve sur les terres siciliennes. Un périple court par rapport au précédent, justifié par la courte fenêtre de temps et le courage de ma grande fille Jade de suivre son papa dans ses aventures. 1750 km le long des côtes et dans les terres, sur des routes et quelques pistes sponsorisées par Interflora. En effet, La Sicile en avril, c’est la période idéale du point de vue des paysages et des beautés d’une nature intacte non encore jaunie par la chaleur de l’été. On roule au milieu de paysages multicolores sous un ciel bleu. C’est aussi la bonne période pour flâner dans les nombreux sites archéologiques en évitant les hordes de bus, s’héberger le soir sans se ruiner, et profiter de l’accueil des habitants, toujours des plus agréables. Bien sûr, il vous faudra accepter les tas de poubelles en plein air qui contrastent avec la beauté des lieux, les routes défoncées (moi j’adore !), et une perception locale du code de la route sensiblement différente de la nôtre (j’adore aussi !). Bonne lecture, et à votre disposition pour plus de détails sur le roadbook.
Jour #1: Trapani – Scopello (150km)
Arrivée en milieu d’après-midi après 19h de ferry. Cela commence par une déception : un temps chaud mais brumeux réduisant la visibilité alors que cette pointe ouest se caractérise avant tout par sa topographie et ses points de vue entre mer, îles, et sommets. Pas de photo donc, mais session de rattrapage au retour. Une déception compensée par l’atmosphère qui se dégage de Trapani, sous influence tunisienne, et la centaine de kilomètres parcourue à travers les parcs naturels de Monte Cofano et Zingaro, où falaises, criques et montagnes se côtoient de très près. Après 20km de pistes (interdites, oups !), on rejoint Scopello, village au-dessus de la mer, célèbre pour la crique de son ancienne « tonnara » (à découvrir le lendemain). Ne reste plus qu’à se laisser tenter par la carte du resto du village …. alléchant.
Jour #2 : Scopello – Scopello (via Segesta) (150km)
Réveil tardif, pour récupérer de la nuit blanche de la traversée de la veille. Je reçois des injonctions contradictoires: Une ado peu encline à » bouffer de la borne », et une moto frétillante prête à honorer son titre « adventure ». Ce sera donc une boucle de quelques kilomètres pour pouvoir trainer le matin et profiter de la célèbre crique l’après-midi. Direction donc Segesta et ses restes d’une ville antique, un des plus beaux sites archéologiques de Sicile avec son temple et son théâtre dominant une vallée sicilienne. Balade dans la moyenne montagne avant de revenir à Scopello, pour une baignade et une sieste dans ce qui est certainement un des plus bels endroits de Sicile : cette ancienne tonnerie nichée dans un crique intime enserrée dans un paysage de roches. A mon avis à éviter en période estivale. La soirée de termine à nouveau à la terrasse du Nettuno, où deux pauvres crevettes rouges sont tombées dans le piège de deux filets de bar, avec la complicité d’asperges locales.
Jour #3: Scopello – Cefalu (300km)
Cap à l’Est, avec une rapide visite du centre de Palerme, avant de faire une longue boucle dans le parc naturel de la Madonie. Une zone de montagne où l’on commence par prendre de l’altitude par une magnifique route avec des vues sur la Méditerranée, avant d’entrer dans des zones montagneuses encore partiellement enneigées, mixant denses forêts et zones rocheuses arides, et de magnifiques villages de montagnes perchés. La descente sur Cefalu est tout aussi magnifique. Probablement une des plus belles routes de Sicile à moto, par sa beauté et sa technicité en matière de pilotage, en particulier entre Petralia et Castelbuono. Cefalu, certainement bondée l’été en raison de la beauté de cette cité arabo-normande (lieu de tournage de Cinema Paradisio), révèle en avril une certaine quiétude, propice à des déambulations dans ses rues étroites et ses venelles menant sur la mer. Un échec tout de même: A force de vouloir tester des spécialités trop locales sans même une traduction, on peut mal tomber. Poireaux enroulés dans des tripes de mouton… beurk… rattrapage avec des pâtes.
Jour #4: Cefalu – Taormine (350km)
Toujours cap à l’Est, pour le clou du spectacle: l’Etna! Mais pas de précipitation (ou d’autoroutes), afin de ne pas passer à côté du parc naturel du Nebrodi, qui offre deux avantages par rapport à l’objectif du jour: Premièrement, 150 km de routes de moyennes montagnes mêlant paysages sublimes de prairies en fleurs et montagnes rocheuses, villages accrochés dont on se demande comment ont-ils pu traverser les siècles tant leur position semble de loin si instable, quelques pistes faciles et autorisées pour s’enfoncer librement au cœur de la région sans ne croiser personne. Deuxièmement, plusieurs vues au loin sur l’Etna, toujours surprenantes à la sortie d’un virage ou au sommet d’un col…. Grand moment pour les yeux et pour le pilotage que ce parc ! Le moment est venu de monter l’Etna, par la montée sud. On traverse ces paysages de roches noires sur un bandeau de bitume parfait. On redescend vers l’est au travers de ces paysages de lave refroidie, avant de s’offrir un bonus, remontée par la route nord, encore plus belle, encore plus surprenante. On redescend sur Taormine, incroyable village (très touristique) à flanc de montagne plongeant dans les eaux. Deux centres d’intérêt: au bas de la cité, une presqu’île très belle, en haut, un théâtre antique qui a perdu un peu de son authenticité, mais a gardé et gardera toujours cette incroyable ouverture sur la mer et l’Etna au loin. A ne pas manquer, comme le vin Sicilien, bio si possible.
Jour #5: Taormine – Chiaramonte Gulfi (300km)
Cap vers le Sud, avec une pause à Syracuse, sa vieille ville en presqu’île et sa plazza del Duomo, cernée d’un bleu turquoise. Une belle atmosphère, bien que cela respire le piège à touristes à éviter l’été. A cette saison, très agréable d’en profiter en déambulant dans les rues étroites. Cap vers le Sud et la pointe extrême de la Sicile, le Capo Passero, sauvage, avec un port de pêche encore très actif, dans un paysage balayé par les vents, des ruines, et une reconversion en potager de la Sicile, avec des bâches blanches à perte de vue à travers lesquelles on déambule par des routes extrêmement étroites ou des pistes en bord de mer… loin du béton. On remonte dans les terres par des plateaux magnifiques, et des sessions de pilotage sur des routes se prêtant à merveille à l’exercice, jusqu’à Monterosse Almo, pour redescendre passer la nuit dans la très belle ville de Chiaramonte Gulfi, dont on me souffle dans l’oreillette que son jarret de porc de montagne en fait la réputation.
Jour#6: Chiaramonte Gulfi – Mazara del Vallo (380km)
Une longue journée qui commence par de magnifiques paysages dans la Sicile profonde au grès des étroites routes « vertes » de la carte Michelin durant 200km, alors que le vent du nord à chasser la brume et que l’on voit à perte de vue, avec l’Etna, encore lui, pourtant déjà loin. Villages authentiques, cultures de cactus, petits cols, prairies fleuries …. Il n’y a pas que la côte en Sicile, assurément, surtout à moto. On redescend sur la côte par Agrigento que l’on contourne pour rejoindre la célèbre Scala dei Turchi, carte postale de la Sicile, impressionnante falaise blanche que l’on peut arpenter … Le spot Sicilien. On continue vers l’Est jusqu’à Selinonte, magnifique site archéologique, toute une ville grecque (ce qui l’en reste), à flanc de falaise, que l’on visite en fin de journée, après le départ des bus, comme si la ville t’appartient. Ne reste plus qu’à traverser une région agricole de bord de mer par des pistes ou routes défoncées, pour rejoindre Mazara Del Vallo, ville sicilienne sous influence tunisienne, dont le cœur historique est très beau et marque bien ce multiculturalisme, et dont les poulpes et légumes de saison nous auront définitivement ravis.
Jour #7: Mazara Del Vallo – Trapani (120km)
Le bateau de retour est désormais dans quelques heures, quelques heures pour arpenter les terres de la pointe Ouest de la Sicile. Dernières pistes et petites routes de Sicile que l’on va devoir quitter, et qui s’illuminent de fleurs, de soleil, et toujours ces beaux villages perchés. Souvenez-vous la frustration du premier jour : la brume qui empêchait de profiter d’un des plus beaux points de vue de Sicile, celui de Erice sur cette surprenante montagne de Cofano, les îles au large, et la ville de Trapani. Nous avons pu très largement en profiter juste avant le départ, comme si la Sicile avait voulu nous retenir. Poulpes sur purée de fèves et couscous di mare, avant d’embarquer la moto sur le ferry, ma fille heureuse, et moi aussi.
Bonjour,
Nous venons de publier un article sur la Sicile (https://generationvoyage.fr/visiter-sicile-faire-voir/ ) et après avoir lu votre compte rendu, il va falloir que nous le mettions à jour ! Clairement nous aurions pu ajouter de nombreux endroits intéressants et nous n’avons pas su assez sortir des sentiers battus.
Merci pour toutes vos idées et vos belles photos !
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